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L’usine des tuileries Romain Boyer à la Coudourière

Histoire de la tuilerie Romain Boyer de 1901 à 1967 au quartier de la Coudourière à Six-Fours.

Une industrie des céramiques qui a fait vivre des centaines d’ouvrières et d’ouvriers, souvent d’origine italienne pendant trois quart de siècle.

L’usine des Tuileries Romain Boyer

CPA, Collection personnelle, Claude Majastre

D’après le cadastre napoléonien de 1829, sur le site de la Coudourière, une activité artisanale de  fabrique de tuiles existait déjà avec quatre exploitations saisonnières des familles Coupiny, Meille et Martinenq.

En 1900, Etienne Boyer intéressé par le site de la Coudourière, riche en argile de bonne qualité, fait l’acquisition de 50 hectares de terrain et crée la société des tuileries Romain Boyer. La construction de l’usine de 4.000 m2 en 1901 est suivie par celle du port qui s’achève en 1903. 

Plan d’implantation de l’usine en 1903 (Archives Départementales du Var)

A ses débuts, l’usine produit jusqu’à 45 tonnes de tuiles et de briques par jour avec une seule ligne de fours.

En 1912, c’est le recrutement massif d’ouvriers (220 ouvriers dont 210 Italiens). La production est emmenée à Marseille par des tartanes, puis part vers l’Afrique du Nord ou le Moyen Orient.

Après la Guerre de 1914-1918, l’usine participe à la reconstruction du Nord de la France. Vers 1920 l’usine franchit le cap des 10.000 tonnes annuelles. Le port est aménagé pour recevoir des bateaux de moyen tonnage (tirant d’eau de  3,5 m).

Grace à l’adjonction d’une seconde ligne de fours, en 1929, l’usine emploie 320 personnes, la production dépasse les 20.000 tonnes dont 15.000 sont destinées à l’exportation.

Chargement des tuiles en 1932 (collection Famille Majastre)

Lors de la grande crise économique mondiale la demande des pays importateurs diminue. 180 ouvriers ne travaillent plus que 4 jours par semaine. La production atteint quand même 15.700 tonnes par an en 1937.

En 1939, la tuilerie ralentie sa production de 50%, c’est la guerre. Les ouvriers restant ne travaillent que 2 ou 3 jours par semaine.

La fabrication des tuiles est arrêtée en 1943 et en 1944, après l’ordre d’évacuation, l’usine est vandalisée, les jetées sont minées.

Destruction de bâtiments et murs anti débarquement (Fonds Jules Meurey, ADVar)

A la Libération, le port est reconstruit et l’activité reprend avec un seul four en utilisant des prisonniers Allemands et Italiens.

Le matériel est modernisé (pelle mécanique dans la carrière, malaxeur et presses à moules).

En 1948, la production atteint à nouveau les 17.000 tonnes par an.

Acquisition d’une pelle mécanique (Collection Alain Decorme)

En 1951, la Société fait l’acquisition de la licence de fabrication de la tuile « Romane » avec exclusivité de la vente sur la région.

La carrière de la Coudourière s’épuisant la société exploite d’autres carrières à La Londe et à La Cadière. En 1956, le gisement local étant épuisé on exploite celui de Cachou à la limite de La Seyne et Six-Fours.

En 1964, la production maximale sera atteinte avec 22.170 tonnes par an de produits.

Les gisements d’argile s’épuisent, les coûts de production augmentent et les installations vieillissent. La concurrence avec les usines modernes de Marseille  oblige de fermer le site en 1967 et détruite à partir de 1975.

Une centaine de familles travaillaient encore à la Coudourière avant sa fermeture. De ce passé  reste « la maison de Cygne » (emblème de la société).

C’est un centre culturel important de la ville de Six-Fours les Plages (centre d’expositions)

A voir son jardin remarquable.

La Maison du Cygne, centre culturel et son jardin remarquable