Lieux et monuments : La chapelle Notre-Dame de Pépiole
Pépiole un lieu-dit
Au nord est de la colline du fort, entre deux zones d’activités, une autoroute et une voie ferrée…on peut découvrir une oasis de verdure, “Pépiole”, et parmi les oliviers, une petite chapelle, Notre Dame de Pépiole; en contrebas vers la Reppe une bastide ancienne.
Pépiole : Une chapelle
Chapelle à l’architecture originale… Trois nefs et trois absides et des pierres apparentes. Des vitraux en « culs de bouteilles » et des dimensions modestes…
La chapelle et son histoire.
Histoire récente: 1956 : le père Charlier un bénédictin belge découvre cette chapelle et se lance avec un groupe de bénévoles dans une restauration d’envergure…grattant la totalité des enduits extérieurs et intérieurs…et plaçant dans les ouvertures ces vitraux originaux. Depuis la chapelle de Pépiole est un lieu de vie, d’accueil et de ressourcement..
Mais quelle est l’origine de cette chapelle ? A quelle époque a-t-elle été fondée ? Par qui et pourquoi en ce lieu isolé ? Quelle a été son histoire ensuite ?
Le site est habité durant l’Antiquité : Une villa romaine ( domaine agricole) à la jonction des deux cadastres romains… Site abandonné au VI° siècle après J.C. ( derniers tessons de poteries trouvés sur place) au moment ou les invasions et les guerres se succèdent et désertifient la région.
La christianisation touche les campagnes provençales au V° et au VI° siècles mais à la différence d’autres lieux en Provence (comme N.D. de Gayolle à la Celle).°aucun indice archéologique, aucun texte, aucune tradition ancienne n’atteste qu’à Pépiole à cette époque une chapelle y aurait été construite.
Vers l’an Mille la région renait sous l’impulsion du Comte de Provence Guillaume qui redistribue les terres après sa victoire contre les sarrasins (972). Six Fours a d’abord comme seigneurs l’Abbaye de Montmajour( depuis 966) et le Vicomte de Marseille.
La nef centrale de la chapelle de Pépiole date probablement des années qui suivent … Donc du XI°siècle. En témoigne une architecture romane encore très rustique, mais aussi les tessons de céramique locale. 96 fragments de poterie à pate grise du XI° et XII° ainsi que des tombes ont été retrouvés attestant qu’il s’y regroupaient des habitants, sans doute de façon intermittente
D’autre part un gué permettait de traverser à proximité la Reppe et sur ses rives , tout proche , le moulin Baudoin transformait le grain des Six-Fournais en farine…
Dans la région l’abbaye Saint Victor de Marseille acquiert progressivement de plus en plus de terres et finit par récupérer la seigneurie de Six-Fours en 1156.
La nef nord a sans doute été ajoutée au cours du XIII° siècle. Epoque où la région connaît une certaine prospérité agricole et s’ouvre au commerce méditerranéen.
La voute de la nef nord avec ses arcs en plein cintre et ses cordeaux mais aussi la porte sud de la chapelle sont caractéristiques de cette période.
Au XIII° siècle on a aussi une première mention de la chapelle dans un écrit de 1268: Un acte de l’évêque de Toulon qui la donne en prébende ( bénéfice) à l’un de ses chanoines et y place un prêtre desservant.
Nous avons très peu d’éléments sur cette chapelle dans les siècles qui suivent, si ce n’est la statue de Notre Dame de Pépiole qui daterait du début du XVI° siècle et témoigne de l’influence de la renaissance italienne .
1791 : Comme ailleurs en France, la chapelle est vendue comme bien national… Une famille des environs cache la statue de Notre Dame de Pépiole pour la soustraire au pillage …et à la terreur antireligieuse: Elle sera restituée à la chapelle au temps du père Charlier 150 ans plus tard.
La chapelle est rachetée par les frères Jourdan qui possèdent des terres alentour pour qu’elle soit rendue au culte ( 1806)
De nombreuses incertitudes demeurent :
Il y a pu avoir une première chapelle dans la « villa » de Pépiole au V° ou VI°siècle… Mais c’est une pure hypothèse et aucun élément ne le confirme…
Aucun élément non plus pour une éventuelle origine monastique : dès le XIII° siècle elle dépend de l’évêque de Toulon et non d’une abbaye.
Elle n’est pas non plus la chapelle d’un hameau : Autour d’elle et à une certaine distance quelques grosses bastides et ce jusqu’au milieu du XX°siècle , et donc une population clairsemée. Moins d’une dizaine de familles aux recensements du XVII° et du XVIII°siècles.
Nous restons donc sur l’hypothèse d’une chapelle construite ou reconstruite par une petite communauté de paysans et de possesseurs de domaines aux alentours du XI° et XII°siècles.