Repères : la Chapelle de Pépiole
Une Histoire millénaire
Quelques repères historiques et archéologiques à propos de la chapelle Notre Dame de Pépiole
Voir aussi la conférence faite le 21 avril 2021 “Notre-Dame de Pépiole : connaissances et incertitudes”
Ainsi que l’article “découvrir la chapelle Notre dame de Pépiole”
Antiquité :
Les grecs de Marseille depuis le IV° siècle avant J.C. puis les romains à partir de 49 av J.C. dominent la région de l’actuel Six-Fours…
Principale agglomération : le port du Brusc , Tauréïs grec ou Tauroentum romain.
Les Romains mettent en valeur le territoire à grande échelle, traçant un réseau routier et cadastrant les terres agricoles….
A Pépiole, le matériel recueilli indique une occupation du 1er siècle av. J.-C jusqu’à la fin du 1er siècle ap. J.-C. avec une probable villa ( domaine agricole)Une présence moins attestée jusqu’au IV siècle.
Débuts du christianisme en Provence . IIIe-VIe ap. J.-C.
Le christianisme devient religion officielle de l’Empire (Théodose en 394) : Les villes connaissent une forte christianisation mais les campagnes restent peu évangélisées dans un premier temps sinon dans quelques villae. (441 un premier évèque à Toulon)
Saint Cassien serait venu à Marseille en 416 (hypothèses de Henri-Irénée Marrou) où il aurait participé à la création d’une première fondation monastique.
Aucun vestige, aucun texte ni aucune tradition n’attestent pour le moment la constuction d’une chapelle à Pépiole à cette époque ni la présence de moines.
Seuls quelques tessons du VI° siècle indiquent une présence humaine.
VIIe- Xe siècles
Les recherches historiques témoignent de la désertification des campagnes surtout à proximité du littoral durant cette longue période d’invasions et de troubles… On ne retrouve à Pépiole ni tesson ni autres vestiges datant de ces quatre siècles, mais relevons la première mention de Six-Fours et de son “castrum”à la fin de cette période : en 963, Conrad le Pacifique en fait la donation à l’abbaye arlésienne de Montmajour, donation approuvée par le pape.
XI°- XIII° siècles
Madame Marthe Ponsot (†) a consacré de longues recherches et un diplôme universitaire de qualité à la chapelle de Pépiole (1990). Son étude fait remonter la nef centrale de l’édifice existant au plus tôt au XIe siècle. Témoins de cette époque 96 tessons de céramique pour le XI° et le XII°siècles (fabrication régionale, en particulier d’Uzege). Cela correspond à la « réoccupation des terres » et au « processus de repeuplement et de structuration des campagnes « évoqués par F. X. Emmanuelli dans son « Histoire de la Provence »: Les villages se fixent à proximité des châteaux seigneuriaux qui se créent et les défrichements s’intensifient.
Témoins précieux aussi les tombes retrouvées lors des travaux à proximité de la chapelle mais aucune tombe n’est antérieure au XIe siècle et leurs occupants regroupent hommes femmes et enfants.
Que nous apprend l’étude même de l’édifice ?
Les trois absides de la Pépiole ont probablement été construites à des époques différentes, excluant un plan initial de trois nefs. De dimensions différentes, elles sont de surcroit juxtaposées et non pas imbriquées.
Nous proposons la chronologie suivante de leur construction :
– Nef centrale : XIe siècle
– Nef nord et porte d’entrée sud : fin XIIe, début XIIIe siècle
La chapelle nord est de construction romane mieux affirmée : voute, doubleaux et arcs typiques de la fin XII° ou du XIII°. La métrologie en partie la même – coudée de 49 cm – la même que celle de l’église Saint-Pierre sur la colline, métrologie que l’on retrouve pour la porte sud de la chapelle.
L’hypothèse d’une extension de la chapelle fin XII°- XIII° siècle est confortée par la chronologie et l’origine de la céramique retrouvée en ce lieu :
– XI°/XIIe siècles : prépondérance de la céramique régionale
– XIIIe au XVIe siècle : à la céramique régionale est jointe une importante importation de céramique italienne (en grande partie de Pise) et hispanique.
A noter aussi les tombes retrouvées autour de l’édifice qui témoignent d’une fréquentation et probablement d’un habitat à la même époque.
Hypothèse confortée aussi par le contexte historique :
Fin XIIe et XIIIe siècles, toute l’Europe connait une période de prospérité, aussi bien sur le plan économique que sécuritaire. La population augmente, connait une relative aisance, d’où des circuits commerciaux à l’échelon méditerranéen.
A noter dans les archives : la première mention de “Popielos” en 1268 : l’évêque de Toulon donne la chapelle et ses revenus comme “Prébende” à l’un de ses chanoines et y atteste la présence d’ un desservant.
La datation de la nef sud , plus complexe, plus indécise, est encore à l’étude, car ses murs sont d’orientation et d’épaisseur différentes et pourraient reprendre des parties de murs préexistants.
Note : A propos de certaines hypothèses :
Les recherches actuelles n’ont pas pu établir de corrélations , ni avec les églises syriennes, ni avec des constructions mérovingiennes ou carolingiennes.
Depuis l’abbé Garrel en 1866, certains auteurs attribuaient à “Popielos” le titre d’église paroissiale de Six-Fours. Cette attribution ne peut être retenue : Pépiole est trop petite et trop éloignée du village médiéval et de la plaine de Reynier jusqu’au Brusc pour remplir ce rôle (l’église de “Sancte Marie de Sex-Furnis” est en réalité l’église de la Courtine, sise dans le village médiéval au XIIe siècle). Signalons aussi l’église de Saint-Jean des Crottes, plus ancienne, en bas de la colline.
D’autre part l’idée parfois émise que cette chapelle serait un ancien prieuré de l”abbaye Saint Victor est peu probable: Les chartes de cette abbaye , pourtant nombreuses et précises ne mentionnent pas Notre Dame de Pépiole, et à l’époque ou l’abbaye est l’unique seigneur de Six Fours elle dépend de l’évêque de Toulon comme l’atteste l’acte de 1268.
Association des Amis du Patrimoine de Six-Fours et de ses environs
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