Lieux et Monuments

Lieux et monuments : L’église Notre Dame de l’Assomption

Le quartier de Reynier est l’actuel centre de la commune depuis 1792, date du transfert du siège de la municipalité mais la mairie n’y a été construite en face de l’église qu’en 183l.

On sait que venant de la colline de Six-Fours, les habitants sont descendus dans la plaine à partir du XVIe siècle, et se sont installés aux alentours en ordre très dispersé, pratiquement un hameau par famille.
 L’emplacement de Reynier, dénommé quartier des Rainetes*en 1646 (Bouisson), n’était pas le plus évident, car la zone était marécageuse le long du ruisseau du Pontillot.  Cette zone a été drainée et l’agriculture, principale activité des nouveaux habitants a pu s’y développer. On peut encore voir dans le village de Reynier la« cauquière  » ou aire à battre le blé .

Aire à battre : Reynier. Photo G.Valentin

D’abord une simple chapelle

En 1646 la construction d’une chapelle pour le hameau de Reynier est entreprise : Une seule nef de 14,80 m de longueur, avec un porche de 5,25 m est construite. Le vocable de Notre-Dame de Santé est choisi pour protéger les habitants des fièvres, fréquentes sur ce terrain encore marécageux.

Une chapelle qui voit s’opposer le vieux village et Reynier.

En 1776, les habitants du quartier demandent l’érection de la chapelle en « succursale ». Le curé et le conseil de la communauté (municipalité) s’y opposent, les notables de Six Fours qui dominaient ce conseil voulant maintenir l’activité du vieux village.
 L’évêque de Toulon ordonne une enquête. Il en ressort qu’il y a sur le territoire de Six-Fours, 52 quartiers (hameaux) avec 350 chefs de famille, soit environ 1400 personnes. Il n’y a plus que 350 personnes au vieux village, soit le cinquième du total. Il y a 15 familles avec 61 personnes à Reynier, et 8 familles avec 50 personnes au Brusc.

A partir des résultats de cette enquête, la chapelle de Reynier est érigée en « succursale » le 8 février 1777 et en « église vicariale » le 8 mai 1777.

l’église et son clocher Photo G.Valentin

Puis des agrandissements successifs… La chapelle devient église.

De 1777 à 1779, la nef est agrandie, et des bas-côtés sont joints sur deux travées, par l’architecte Honoré Bourgarel. La nef centrale mesure alors 14,80 m sur 5,40 m. Les latérales ont 3,50 m de largeur chacune. Mais les consuls du vieux village ne désarment pas et refusent de payer les travaux. Un procès à Aix les y condamne le 27 juin 1778. La cloche de cette église est donnée par l’abbé de Saint-Victor, seigneur de Six Fours. On a donc là un exemple, où la population fait appel au soutien de son seigneur contre les consuls, tout comme cela s’était produit à Sanary cent ans plus tôt contre le conseil de communauté d’Ollioules. La réception de l’église est alors faite le 20 juillet 1779.
L’opposition entre Reynier et le vieux village se poursuivit durant la Révolution et il y eut même deux municipalités élues en 1800.

A la Révolution, l’église est transformée en temple de la Raison. En 1793, elle sert de dépôt de fourrage, puis de salle de bal. Le hameau de Reynier est débaptisé et appelé « Hameau Le Péletier », en l’honneur du conventionnel Le Péletier de Saint-Fargeau, assassiné au début de 1793 à Paris, par un royaliste, pour avoir voté la mort du roi Louis XVI.

Extensions successives de l’église : Plan Cahiers du Patrimoine de l’Ouest Varois 5/6 , Foyer P. Singal

Le culte est rétabli en 1801, et les limites de la paroisse définies en 1806. En 1830-31, l’abside ronde est ajoutée au sud avec le chœur. En 1832, les travaux continuent. La sacristie est construite, et le clocher commencé. Il sera terminé en 1837-1838.

Clocher de l’église . Photo G.Valentin

En 1837, la chapelle de l’Immaculée-Conception, adossée à l’ouest de l’église, est construite et destinée à la « congrégation des dames et demoiselles ». Elle est bénite le 22 octobre 1837. (Elle deviendra le siècle suivant et pour quelques années le cinéma paroissial). En 1845, de nouveaux travaux d’agrandissement sont entrepris, cette fois au nord. Une nouvelle travée est ajoutée, tant à la nef principale qu’aux deux secondaires.
En 1865 les murs sont rehaussés de 1m 40, une nouvelle toiture est posée et la façade prend son aspect actuel avec sa porte en plein cintre surmontée d’un fronton triangulaire et d’une rosace.

Façade actuelle Photo G.Valentin

Depuis 1860 elle porte le nom de Notre Dame de l’Assomption et non plus Notre Dame de la santé. Deux statues de bois du XVIII° de la Vierge  ornent cette église.
Enfin en 1962 lors du retour des rapatriés une cloche provenant d’Algérie s’est ajoutée aux deux cloches existantes.

Statue de la Vierge . Photo G.Valentin
L’église Sainte Anne, à l’arrière plan le fort de Six Fours . Photo G. Valentin

Quarante ans plus tard et vu l’accroissement de la population une nouvelle église, l’église Sainte Anne , a été construite à quelques centaines de mètres, l’accueil des fidèles se répartissant désormais entre les deux édifices.

             * Le quartier est déjà appelé « la granolha » (la grenouille) en 1367 dans un contrat de mariage entre Burgésie Marin de Six-Fours et Jehan Laugier de La Cadière. Magloire Giraud, Mélanges historiques, Archives communales de La Cadière.

Article rédigé d’après le » Cahier du Patrimoine Ouest Varois « n°5/6, Editions Foyer Pierre Singal, Sanary.