Lieux et monuments : La batterie du Cap Nègre
Le Cap Nègre
Le Cap Nègre, un cap de roche noire, du basalte, qui s’avance dans la mer et sépare la baie de Sanary de la baie du Brusc. Cette curiosité géologique correspond à l’extrémité sud d’une coulée basaltique provenant d’un piton volcanique, le Rocher de l’Aigle d’Evenos.
Un littoral menacé depuis des siècles
Face à la menace des pirates barbaresques comme à celles des flottes ennemies, espagnoles, anglaises , hollandaises, au gré des guerres qui se succèdent, les communautés villageoises du littoral se voient demander de surveiller et de signaler les navires suspects ; Des « farots » tours en pierre où des feux étaient allumés en cas d’alerte sont construits le long du littoral. Des 1558 la communauté de Six Fours entretient une centaine de gardes armés pour assurer la surveillance et la garde de la côte face aux incursions turques ( barbaresques) et aux pirates.
A la fin du XVII° siècle une première batterie sur le Cap Nègre.
A partir des années 1670 l’Arsenal de Toulon est en plein développement , le port de Toulon abritant la flotte française de Méditerranée. Un réseau de fortifications est mis en place par Vauban et par le Maréchal de Tourville pour protéger Toulon de toute attaque. Une batterie est construite sur la pointe Nègre en 1695 et armée d’un mortier et de deux canons de 24 onces ( d’ autres sont établies à Portissol, à la Cride, aux Embiez et à la Love )
Fin XVIII°siècle : La révolution…
Un siècle plus tard en 1794 quatre canons de 36 livres et 1 mortier servis par 29 canonniers arment la batterie de la Pointe Nègre prise un an plus tôt par les forces républicaines alors que Toulon est aux mains des anglais et des royalistes.… Nous sommes en pleine Révolution Française et le maire de Six-Fours a été accusé de ne pas avoir maintenu opérationnelles les batteries côtières face aux anglais ; Il sera guillotiné.
1815 : La restauration de la monarchie apporte la paix… les batteries côtières sont désarmées mais quelques années plus tard la situation change…
Au milieu du XIX°siècle le bâtiment actuel est construit.
Un nouveau contexte : Les rivalités coloniales ravivent les conflits entre les puissances européennes…et rendent indispensable le réarmement des côtes françaises. Une commission d’armement des côtes est mise en place en 1841 qui préconise la construction de nouvelles batteries dotées de réduits standardisés tous construits sur les mêmes modèles architecturaux : « tours » sur deux niveaux ou « corps de garde » sur un seul niveau. Ouvertures en briques pour limiter la projection d’éclats en cas d’attaque . Bâtiments semi-enterrés…
Le réduit du Cap Nègre est construit de 1846 à 1850 .
Face à la mer un épaulement en fer à cheval à ras du sol le long duquel pourront être déployées les pièces d’artillerie. Un peu en arrière et entourée d’un fossé une « tour crénelée plan type n°2 ». Accessible par un pont-levis elle comprend deux niveaux voutés à l’épreuve de l’artillerie ennemie et surmontés d’une terrasse.
L’armement prévu comprend trois canons de 30 pouces et trois obusiers de 22 pouces…
Les progrès de l’artillerie ( canons rayés, chargement par la culasse et obus à la place des boulets ) font que la dotation de la batterie de la pointe Nègre est modifiée en 1877 : Quatre canons rayés de30 pouces et un mortier de32 pouces…
Nouvelle stratégie et déclassement de l’ouvrage.
Trois ans plus tard le fort construit sur la colline de Six-Fours inaugure un changement de stratégie : Les côtes sont désormais défendues par des forts de grande taille placés sur les hauteurs et qui utilisent des canons plus précis et surtout de plus longue portée : Dix kilomètres pour les canons de 24 cm du fort de Six Fours.
Cette stratégie implique le déclassement et le désarmement des batteries côtières…En 1889 la batterie du Cap Nègre est désarmée..
Restée domaine de l’armée, elle accueille en 1939 un projecteur de DCA puis lorsqu’elle tombe aux mains des troupes allemandes en 1942 un poste de surveillance côtière.
Après la guerre la pointe du Cap Nègre sert de terrain d’essai pour les chars AMX des « Forges et Chantiers de la Méditerranée ».
En 1991 l’ouvrage est acquis par la Commune qui entreprend sa restauration.
Réhabilité, ce site fortifié accueille désormais de nombreuses expositions et manifestations au cœur d’un espace paysager remarquable et désormais protégé.