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Découvrir la Collégiale Saint-Pierre.

La Collégiale Saint Pierre , photo Amis du Patrimoine

La Collégiale Saint-Pierre, monument historique, domine la plaine depuis la colline où elle siège sur le côté  du fort de Six Fours.

Ce fort , construit à partir de 1875 prit la place de l’ancien village médiéval, alors en ruines : Au centre du vieux village on voyait encore à l’époque les murs de l’ancien château, une tour surmontée d’un sémaphore et l’église sainte Marie de la Courtine.
A l’est de l’enceinte médiévale, hors des murs, la Collégiale était entourée des quelques maisons encore habitée… Elles seront détruites peu après la seconde guerre mondiale

Pénétrons dans la Collégiale


Vous entrez par une petite porte de style roman (arc en plein cintre surmonté d’une moulure en oméga .

Face à vous l’église de style gothique à gauche et à droite, l’église romane.

En effet à l’église romane (probablement du XIIIe siècle) s’est ajoutée une construction néo-gothique plus importante et  perpendiculaire à l’église primitive, construite sur les plans de l’architecte marseillais Borelli au début du XVIIe siècle( 1608-1614) .
Cette implantation en perpendiculaire peut s’expliquer par la configuration du terrain…Une forte déclivité à l’Est et la présence du village à l’Ouest obligeait l’agrandissement à se faire vers le Nord, en détruisant la construction qui s’y trouvait.  A noter que la cathédrale de Toulon a subi le même type d’agrandissement en perpendiculaire quarante ans plus tard ( 1654).
Le projet d’agrandissement, porté par le conseil de la Communauté ( nom donné au conseil communal de l’époque) avait vu dans un premier temps l’opposition de l’Abbaye de Saint Victor seigneur de Six-Fours à qui il était demandé de participer financièrement aux travaux.( Archives municipales novembre 1607)

Le 3 juin 1634, l’église ainsi agrandie, a reçu la consécration de Monseigneur Auguste Forbin de Solliés, évêque de Toulon. L’église  fut  ensuite érigée en collégiale le 19 novembre 1648 par le cardinal de Lyon, Antoine de Richelieu, et confirmée en 1654 par une bulle du pape  Innocent X. Le collège comprenait 11 chanoines et un doyen, ce qui met en évidence l’importance du village à cette époque.
 La collégiale a été classée « monument historique » en 1840 par Prosper Mérimée.
La fête votive de saint-Pierre continue à être célébrée le premier dimanche d’août. Elle fait suite à la guérison miraculeuse d’un enfant d’Ollioules en 1655, et à la dévotion perpétuelle  que ses descendants continuent à lui consacrer.

De quand peut dater la partie romane de la Collégiale?

Voute de la chapelle sainte Catherine , photo Amis du Patrimoine.

Cette partie de l’édifice appartient manifestement au roman tardif (XIIe/XIVe siècle) .
L’appareil des murs montre peu de joints mais un ajustement de pierres de taille de petites tailles, appareil proche de celui des abbayes cisterciennes de la région( XII°-début XIII° siècle). Elle a été construite selon deux des unités de longueur de l’époque : la coudée de 49 cm et le pied de 30,284 cm, unités qui ont été utilisées au XII° et XIII° siècles en particulier dans les églises des abbayes de l’ordre de Chalais. Les dernières études semblent indiquer que son plan  relèverait de la « Suite de Fibonacci » un système établi au début du XIIIe par ce mathématicien italien.  
L’ensemble de ces données conforteraient l’hypothèse d’une datation au début du XIIIe siècle.

En vous plaçant face au transept, vous pouvez admirer l’harmonie de l’architecture avec son  chœur à chevet plat , type de chœur que l’on retrouve dans les abbayes de l’ordre de Chalais et dans certaines abbayes cisterciennes.
La construction du clocher plus tardive a provoqué l’obstruction de l’oculus qui perçait le chevet central.. Une baie a été alors ouverte sur son coté d’où cet aspect dissymétrique.
A noter aussi la beauté et la simplicité des voûtes et des arcs parallèles.

Y a-t-il eu une première église avant cette construction?

Dès 1962, les membres de l’association fondée par François Jouglas, désirant rendre vie à cet édifice, commencèrent sa restauration et entreprirent  des fouilles, dont il faut les remercier.
A gauche de l’entrée vous pouvez voir la cuve baptismale  qu’ils ont ainsi reconstitué à partir de vestiges trouvés sous le dallage et derrière l’autel des traces de fondation pouvant évoquer une première abside médiévale. Y aurait il eu une première église au XI°-XII° siècle ? Les éléments manquent pour le confirmer…
François Jouglas a émis l’hypothèse d’un baptistère du Ve ou VIe siècle mais les éléments archéologiques ou historiques manquent pour conforter cette hypothèse.
Vous apercevrez, de part et d’autre de l’entrée, une pierre tombale calcaire datée de 368 (CCCLXVIII) et une inscription de 364 (CCCLXIIII) au début du mur droit de l’abside. Ces inscriptions, hélas, sont des faux, certainement réalisés au XIXe siècle  par l’abbé Garrel, curé de la paroisse : le calendrier chrétien, en effet, n’a été établi par le moine Denys le Petit que trois siècles plus tard. 


Une part d’inconnu demeure sur les origines de ce monument…

Au Moyen Age, jusqu’au milieu du XIIe siècle, Six-Fours  était, en partie, une dépendance de l’abbaye de Montmajour d’Arles qui sera évincée ensuite par l’abbaye Saint-Victor de Marseille. Saint Victor devient l’unique seigneur de Six-Fours en 1156. Mais dans leurs chartes, on ne trouve jamais le nom de l’église Saint -Pierre alors que l’église Notre Dame située au centre du village est mentionnée.  La bulle papale de 1113 qui énumère les églises dépendant de l’abbaye Saint Victor ne mentionne pas non plus l’église saint Pierre. : à qui donc attribuer, à cette époque, la construction et la dépendance de notre église ? Les recherches en cours laissent entrevoir des possibles rapprochements avec l’ordre de Chalais (Boscodon, Lure) ordre monastique lié à l’ordre cistercien.

La Collégiale: Un petit musée.

Six-Fours a compté jusqu’à vingt-deux monuments religieux dont la moitié a disparu au XIXe siècle. Aux cours de ces démolitions, la collégiale Saint-Pierre a recueilli certains tableaux qui se trouvaient dans ces églises. Les œuvres d’art se sont ainsi accumulées dans la collégiale, des tableaux  à caractère religieux, très représentatifs du XVI au XIXe siècle,  lui donnant un petit air de musée.

Vous découvrirez,  entre autres, le plus célèbre d’entre eux, le polyptyque sur bois  dit « de la Vierge Marie, de Louis Brea,(1520/1523 ?) , classé  « monument historique » en 1898 et très récemment restauré. L’attribution de ce polyptique à Louis Brea se justifie par sa forte ressemblance avec un polyptique de ce dernier visible dans l’église des Arcs de Provence.

Ne manquez pas non plus le triptyque Saint-Clair’, le plus ancien tableau de la collégiale (1490/1510 ?) sans doute dû au peintre italien  Bernardini Simondi.

Parmi les nombreuses autres œuvres d’art, la « Descente de Croix » de Stellaert (1604) et aussi deux tableaux de Guillaume Grève : la « Remise des clés à saint Pierre »  au dessus du grand autel (1622) et « la fuite en Egypte. ».

Article Antoine Peretti/ Gérard Valentin